Lima, Pérou pebru@pestalozzi.edu.pe
Frère de Maximilien, auteur du site web www.maximilien-bruggmann.ch
Petite histoire de notre famille
Nos parents sont natifs de Wolhusen et Perlen, dans le canton de Lucerne. Notre père, forgeron de profession, était un être universel. Notre mère, très aimante, était aussi une excellente cuisinière. En 1932, après leur mariage, ils se sont installés à Entlebuch, dans la vallée de la rivière Petite Emme, entre le mont Napf et les Alpes de Suisse centrale.
En 1934 naquit Maximilien, l’aîné des cinq enfants. Suivirent Walter, Elisabeth, Trudy et moi-même. Pendant la grande crise, avant la seconde guerre mondiale, notre père dut trouver un nouvel emploi et c’est ainsi qu’il fut engagé par ECO-AG, une fabrique bois croisé. Il y devint rapidement chef d’atelier. En 1948, il fut envoyé en Afrique, dans ce qu’on appelait alors le Congo belge, à Lukula, où il a dirigea la construction d’une usine de bois tropical, acheminé ensuite pas mer jusqu’en Europe.
Pendant ce temps, en Suisse, Maximilien était devenu lycéen et c’est probablement alors que naquit sa passion des voyages. Il conservait dans un album très bien tenu toutes les lettres, cartes postales et photos envoyées par notre père. C’est aussi durant cette période que je naquis. Maximilien devint mon parrain.
De gauche à droite: Maximilien, Walter, Elisabeth, Max, Lisbeth, Trudy, Peter
Après avoir suivi les écoles d’art à Lucerne et Berne, Maximilien a travaillé, dès 1953, comme graphiste à Lausanne. En 1957, pour la première fois, il est parti pour l’Afrique, traversant le Sahara en auto-stop, escaladant le Kilimandjaro et terminant son voyage à Zanzibar. Son amour pour le Sahara est né lors de ce voyage. Les peintures et gravures rupestres l’ont marqué de manière indélébile.
En 1961 et 1962, Maximilien vécut avec les Touareg dans le Tassili n’Ajjer (Algérie). Il a rapporté de cette expédition un reportage de 90 minutes, filmé en couleurs, sur la vie des nomades : « Ombres Bleues du Tassili ». Ainsi commença avec eux une relation étroite, renforcée au fil des ans par plusieurs voyages successifs dans des régions méconnues.
En 1964, Maximilien a travaillé comme photographe et cameraman de l’Exposition nationale suisse de Lausanne, « Expo64 ». En 1969, il publia son livre « Sahara », premier d’une longue série de 25 autres chez le même éditeur, Silva. Ces livres forment une grande partie de l’oeuvre de Maximilien. À ce jour, il en a publié 58, dont certains en France, Allemagne, Italie, Espagne, ainsi qu’au Royaume-Uni, aux USA et au Pérou. Ses longs voyages en Afrique, en Amérique du Sud et du Nord ainsi qu’en Asie et en Europe constituent aujourd’hui des archives photographiques extrêmement riches. Une vingtaine d’expositions ont été présentées en Suisse et en France, les dernières à Schüpfheim et Martigny. Les photos de ces deux expositions se trouvent sur le site www.maximilien-bruggmann.ch .
Le Sahara ancien reste l’élu de son coeur. Il y a photographié d’innombrables gravures rupestres attestant que cette contrée était verdoyante voilà encore 3000 ans. Certaines de ces gravures ne sont désormais plus accessibles. Maximilien est dont, en quelque sorte, le détenteur d’un patrimoine disparu ou en grand danger. L’essentiel de ces recherches est consigné dans un de ses derniers livres, « Sahara, art rupestre », dont le texte est dû à Henri J. Hugot et la préface à Théodore Monod.
Quand j’étais enfant puis étudiant ou, plus tard encore, émigré au Pérou, j’ai profondément aimé les récits de mon frère et admiré ses œuvres. Je me souviens des visites qu’il rendait à nos parents, des grands yeux de mon père lorsqu’il parlait de « sa » planète et des sentiments plus mitigés de notre mère, qui aurait sans doute préféré que ses fils restent auprès d’elle, au pays.
Notre frère Walter a plusieurs fois accompagné Maximilien sur les pistes du Sahara, d’où il tentait d’établir des liaisons radio à l’heure où le téléphone satellitaire n’existait pas encore. Hélas, il est mort prématurément.
À la fin des années 1970, Maximilien est resté quelque temps en Amérique du Sud et a installé sa base à Lima. Lorsqu’il devait se rendre en Suisse pour livrer des photos, nous prenions soin de Zoumri, son chien qui, après les premiers aboiements, était rapidement devenu l’ami de Chasqui, notre berger allemand. Pendant ce temps, en Suisse, Maximilien rendait visite à l’une ou l’autre de nos deux soeurs. Tous ensemble, nous avons fêté son 60e anniversaire à Buchrain et le 70e à Entlebuch.
Ces dernières années, Maximilien a finalement dû s’adapter à l’ère électronique. Il a appris à maîtriser l’ordinateur et, aujourd’hui, il peut communiquer avec ses amis par courriel ou par Skype. Il a aussi entrepris de scanner ses meilleures diapositives afin de les conserver pour la postérité. Vous ne me croirez sans doute pas, il sait même se servir d’un appareil photo numérique !
Comme tous ses amis, nous attendons chaque année sa carte de nouvel-an, qui témoigne en mots et en images de sa passion pour le monde et pour l’art.
Peter Bruggmann