Automne 2016
S’il s’était seulement agi de maintenir le contact entre Maximilien et ses amis, ceux de toujours ou ceux d’une simple rencontre, la carte de voeux qu’il nous adressait à tous, chaque année, aurait sans doute suffi à la tâche. Non, si nous avons décidé de créer cette association, si nous décidons aujourd’hui de poursuivre notre action malgré la disparition de notre ami, c’est que nos ambitions étaient bien plus grandes et qu’elles ne pourront se réaliser qu’avec le soutien de tous.
Nous n’en sommes qu’au début, même si notre projet commun avait déjà atteint un de ses buts : donner à Maximilien, qui ne pouvait plus voyager, l’envie de retrouver à travers ses archives photographiques le chemin de ses aventures et de ses découvertes pour les faire partager à sa génération et à celles qui viendront.
Maximilien avait fêté en 2014 ses quatre-vingts ans, dont plus de cinquante de « missions » sur le terrain. La première, la dernière et beaucoup d’autres au Sahara. Mais aussi à travers les Amériques, toute l’Europe ou presque, l’Asie de la Route des épices et… la Suisse un peu, tout de même.
Maximilien n’a pas eu d’enfants. Sa progéniture, son trésor, son héritage et son message, ce sont ses livres et, plus encore, les dizaines de milliers d’extraordinaires photographies qu’il a rapportées de ses incessantes bourlingues.
Un trésor. Oui, un véritable trésor. Sa valeur inestimable : témoigner d’un monde qui disparaît un peu plus chaque jour sous le poids du tourisme, des guerres, de l’uniformisation et d’internet. Certaines des gravures rupestres qui dorment aujourd’hui dans ses tiroirs n’existent plus, ont été saccagées ou englouties, ou ne sont plus accessibles du fait de conflits sans fin.
Le trésor, ce sont ces diapositives. Doublement uniques. Dans leur contenu mais aussi dans leur rareté. Il n’existe qu’un exemplaire de chacune. Les mettre en plus grande sécurité. Pourquoi pas dans une banque, un coffre, un musée ? Mais au profit de qui ? Comment les générations suivantes auraient-elles su que ce trésor existait ? Comment auraient-elles pu y accéder. Même les livres de Maximilien sont aujourd’hui épuisés et quasiment introuvables. Pour que survivent ces merveilles, l’abri d’une maison ou d’un musée ne suffit plus. Il faut les sauvegarder dans le monde virtuel d’internet et de l’informatique.
C’est pourquoi Maximilien, qui n’avait jamais approché un ordinateur à moins d’un mètre, s’était finalement laissé convaincre. Pendant des mois, des années, il a choisi sur sa table lumineuse les plus belles, les plus rares, les plus insolites de ses diapositives, puis il les a numérisées une à une. Un travail de titan, des heures et des heures chaque jour ou, du moins, chacun des quatre jours de la semaine où ses dialyses ne l’accaparaient pas entièrement.
Il avançait. Nous avancions ensemble. Nous avions même entrepris de répertorier, de légender les images de plusieurs voyages, à commencer par le Sahara rupestre. Maximilien disparu, nous allons devoir continuer sans lui. Ce sera difficile mais nous y sommes prêts. Notre but : les donner à voir au plus grand nombre tout en permettant aux professionnels, historiens, archéologues, ethnologues, de s’appuyer sur ce trésor photographique pour leurs recherches et leurs publications.
En parallèle, nous avions sélectionné les images nécessaires à deux expositions. L’une sur le Niger, présentée au Québec et où il avait réussi à se rendre malgré les difficultés de santé. L’autre à Ferney-Voltaire, présentant sa vision du monde, portrait après portrait, continent après continent. Une autre était prévue pour la fin 2016 au Musée saharien du Crès, près de Montpellier. Elle sera maintenue.
Ce travail, nous ne l’avions initialement entrepris qu’à trois ou quatre, Maximilien, André Dutoit, quelques autres. Pour l’heure, nous avons réussi à numériser quelques milliers de photos et à en légender précisément quelques centaines. Il va nous falloir poursuivre, accélérer, amplifier ce travail. C’est pourquoi, après avoir accompagné Maximilien au jardin du souvenir, nous avons constitué un groupe de travail cohérent, complémentaire et déterminé. Il comporte:
- Peter Bruggmann, frère cadet de Maximilien. Il est son unique héritier. Désormais, le trésor photographique lui appartient mais une convention nous y donne accès pour réaliser les buts de notre association. Peter vit au Pérou mais viendra passer plusieurs mois par an en Suisse. Nous travaillerons main dans la main.
- Christian Chédel, ami de Maximilien et propriétaire de l’immeuble où il vivait, à Yverdon. Christian maintiendra au profit de Peter les bail et les conditions accordés de la location. Il souhaite aussi que cette maison devienne « la maison de Maximilien ». Du hall d’entrée jusqu’aux escaliers menant aux étages, les oeuvres de Maximilien y seront présentées et l’appartement lui-même abritera toujours les archives de Maximilien ainsi que les objets rares rapportés de ses voyages. Merci, Christian.
- Jean-Claude Bourgeon et Armande « Gazelle » Reymond. Jean-Claude est guide saharien, Gazelle journaliste. Ensemble ou séparément, ils ont partagé plusieurs des grandes missions de Maximilien au Sahara. Ils nous aideront à situer certains clichés, mettre un nom sur des visages ou des tribus, rédiger des légendes.
- Christophe Blatt, éditeur d’art à Genève. Avec son épouse Viviane, ils ont fait vivre pendant plusieurs décennies une agence de photos destinée aux éditeurs du monde entier. Maximilien figurait dans leur catalogue. Aujourd’hui, leur travail d’éditeur passe évidemment par internet et leur succès tient pour beaucoup aux connaissances de Viviane en matière de référencement. Christophe et Viviane nous apporteront leur savoir et leurs conseils.
- Roger Juillerat, journaliste à Yverdon. Roger était devenu sur le tard l’ami de Maximilien à qui il avait consacré plusieurs articles. Ils se côtoyaient au sein de Presstourism.ch, l’association suisse des journalistes du tourisme et du voyage, dont Roger est administrateur et dont Maximilien était membre d’honneur. Roger nous aidera à faire à nouveau connaître Maximilien dans cette région de Suisse où il avait choisi de vivre et de mourir.
- André Dutoit, que Maximilien appelait « Le Grand » et avec qui il entretenait une confiance si solide qu’il lui avait confié le rôle d’exécuteur testamentaire. S’il a parfois le nez dans les étoiles, André a toujours les pieds sur terre. C’est lui qui gérera les problèmes administratifs, juridiques et financiers de notre association et de nos actions.
- Alex Décotte, ami de Maximilien et co-auteur d’une dizaine de ses livres. Créateur de l’association des Amis de Maximilien, il organiser et animera le groupe de travail tout en assurant, sur internet, la visibilité croissante de Maximilien et de son oeuvre.
Certains d’entre vous sont des membres fidèles de notre association. D’autres le deviendront. Chaque année, vous continuerez à recevoir la carte de voeux de Maximilien. Il avait déjà choisi celle de 2017. Nous choisirons ensemble les suivantes. Nous avons et nous aurons besoin de vous savoir à nos côtés. Pour nous soutenir par vos cotisations et vos dons, bien sûr, mais aussi pour entretenir la flamme du souvenir et le souffle de nos actions à venir.
La plupart d’entre nous avons atteint un certain âge, pour ne pas dire un âge certain. Il est temps de transmettre le virus à vos enfants, comme Peter l’a fait avec ses deux fils. Un jour, l’oeuvre de Maximilien aura trouvé sa place au Panthéon de l’humanité. Vous y serez pour beaucoup mais une vie n’y suffira pas. Notre association doit devenir une véritable chaîne à travers les âges pour permettre à l’œuvre de Maximilien de nous survivre à tous. Nous aurons besoin des nouvelles générations. Dites-le autour de vous afin que, dans dix, cinquante ou cent ans, chacun puisse encore découvrir et admirer, tout autour de la planète, les trésors photographiques de Maximilien.
Alex Décotte, automne 2016
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