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La Galerie du Vieux Pressoir, à Onnens près Grandson, présente des photos de l’inlassable globetrotteur et grand passionné du Sahara, qu’était le photographe Maximilien Bruggmann (1934-2016). Un choix de tirages effectué parmi l’œuvre considérable (150’000 diapositives, entre autres) laissée par le photographe, auquel une exposition permanente est consacrée au Musée saharien, aux portes de Montpellier. A voir jusqu’au 10 novembre 2019.
L’endroit est très plaisant, chaleureux est l’accueil par Michel Kunz, propriétaire des lieux, et Peter Bruggmann, frère de Maximilien Bruggmann, qui tenait à être présent en ce jour de vernissage de l’exposition. Ce qui se dégage en premier de toutes les photographies présentées, c’est la lumière…
Fasciné depuis toujours par le Kilimandjaro qu’il escalade en 1958, Maximilien Bruggmann met le cap sur l’Afrique pour la première fois en 1957.
A cette époque, le jeune photographe – né à Entlebuch dans le canton de Lucerne le 26 juillet 1934, et suisse romand d’adoption –, vit à Lausanne où il exerce la profession de graphiste après avoir suivi les cours de l’École d’Art de Lucerne, puis ceux de l’École d’Art de Berne. Ce premier voyage, effectué en auto-stop, durera huit mois et conduira l’aventurier d’Alger à Zanzibar en passant par le Niger, le Tchad, le Congo, l’Ouganda, le Kenya et le Tanganyika (Tanzanie). Maximilien Bruggmann découvre l’art rupestre ainsi qu’un territoire dont il tombe définitivement amoureux et qu’il ne cessera désormais de sillonner et de photographier : le Sahara, aussi inaccessible que mystérieux, resté longtemps terra incognita…
Le photographe se plonge dans la vie quotidienne des campements en photographiant un puits à l’heure où les troupeaux sont abreuvés, une jeune femme parée de ses plus beaux bijoux, s’occupant de ses enfants, trayant les chèvres ou pilant le mil, un vieil homme faisant du thé…
Pendant plus d’un demi-siècle, Maximilien Bruggmann a parcouru le monde et il laisse aujourd’hui des images lumineuses, instants d’éternité, patrimoine culturel unique constitué souvent de documents inédits et irremplaçables.
Il a aussi dirigé des expéditions à la recherche de peintures rupestres, en particulier dans les lieux les plus reculés du désert saharien.
Témoignages d’une grande variété et d’une extraordinaire richesse
Au Sahara, Maximilien Bruggmann se rendait dans les lieux les plus reculés du désert,
à la rencontre de ses amis nomades. Passionné par l’art rupestre dont les auteurs – photographes d’avant l’heure -, ont peint ou gravé dans la pierre les instantanés de la vie préhistorique, du temps où le Sahara était vert, ces voyages étaient pour lui l’occasion de recenser des sites préhistoriques alors inédits.
Infatigable voyageur, Maximilien Bruggmann a légué une oeuvre considérable accumulée au cours d’une soixantaine de de voyages qui l’ont conduit sur tous les continents… excepté l’Australie. Œuvre qui raconte les hommes, les paysages, la culture des pays et des contrées où il a séjourné, les peuples dont il a partagé le quotidien ou l’histoire. Au cours de ces missions de longues durées, il a parfois fait la route avec d’autres chercheurs et experts du milieu saharien parmi lesquels l’erpétologiste Jean Garzoni, le professeur Henri Jean Hugot, ethnologue, paléontologue et spécialiste de la préhistoire, et le professeur Théodore Monod.
Graphiste de formation, photographe par passion, Maximilien a su donner à ses clichés une esthétique rare. L’extrême méticulosité qu’il apportait à leur archivage en font aujourd’hui des documents introuvables et irremplaçables. Les photos présentées à l’exposition d’Onnens près Grandson constituent une sélection de ce que leur auteur a recueilli pendant plus d’un demi-siècle.
Un travail d’une esthétique rare et d’une grande valeur
« J’ai eu l’occasion de le côtoyer souvent. C’était un homme chaleureux, volontaire, profond et tellement gentil », déclare Alex Décotte, ancien journaliste et animateur de la Télévision romande, qui a réalisé plusieurs reportages et des livres coécrits avec son “frère en amitié, particulièrement cher”. C’est ce qui l’a poussé à créer l’Association des Amis de Maximilien Bruggmann.
Les archives photographiques de Maximilien Bruggmann – près de 150’000 diapositives, des films, gravures, peintures et documents – sont ainsi sous la bonne garde de ses amis qui gèrent désormais l’immense travail du photographe : photos prises dans le désert et gauchos argentins, la route des épices et les décors démesurés des parcs nationaux américains, les cérémonies amérindiennes, les glaces du Québec et les panoramas grandioses des Alpes, et tant d’autres…
Les dernières années de sa vie, Maximilien Bruggmann avait entrepris de numériser ses clichés argentiques. Ce travail se poursuit aujourd’hui grâce à son frère Peter et à l’Association des Amis de Maximilien Bruggmann.
Exposition Maximilien Bruggmann – Au coeur du Sahara
A voir jusqu’au 10 novembre 2019
Galerie du Vieux Pressoir / Michel et Ute Kunz
1425 Onnens près Grandson (Suisse) / Tél. 079 375 23 13
Musée saharien
Le seul musée en Europe dévolu à l’histoire et aux populations du Sahara
Exposition permanente / Maximilien Bruggmann
1, avenue de Castelnau,
34920 Le Crès (France)
www.les-amis-de-maximilien.org
(Photos paysages / Maximilien Bruggmann chez lui, à Yverdon : Alex Décotte)