Mon frère, mi hermano, mein Bruder…

Par Peter Bruggmann

Maximilien, Lisbeth, Trudy et Peter, réunis à Entlebuch en juillet 2014 pour le quatre-vingtième anniversaire de Maximilien

Maximilien, Lisbeth, Trudy et Peter, réunis à Entlebuch en juillet 2014 pour le quatre-vingtième anniversaire de Maximilien

Quand je pense à mon enfance, je revois la fête de Noël en famille. Ce jour-là, je savais que mon parrain reviendrait à la maison pour quelques jours. Bien sûr, j’étais toujours heureux de recevoir de lui un grand Fünfliber, une belle thune de 5 francs. À cette occasion, Maximilien jouait l´accordéon, une facette que la plupart d’entre vous ne connaissent pas. Je me rappelle aussi, quand j’avais cinq ans, après une opération des amygdales, mon parrain m’a rendu visite à l’hôpital et m’a offert un livre : « Jumbo l’éléphant ». A cette époque, Maximilien vivait déjà en Suisse romande et s’apprêtait à entreprendre ses voyages en Afrique et dans le monde. Cette fièvre du voyage, il la tenait certainement de notre père qui, en 1948, avait passé un an au Congo belge et nous envoyait photos et cartes postales. Maximilien en avait tiré un album qui montrait déjà son goût pour le graphisme. Il était au collège et moi, j’étais encore bébé.

En 1966 ou 1967, j’étais venu passer les vacances de Noël à Lausanne. Maximilien m’a offert mon premier appareil photo reflex. Ma première photo – une photo de Maximilien – il l’avait exposée dans son appartement. Il y tenait beaucoup. Et cette photo, aujourd’hui, je l’ai retrouvée !

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Plus tard, alors que je faisais mes études à l´école normale, il qu’il nous avait rendu visite dans la maison familiale et je me rappelle bien le conseil qu’il m’a donné ce jour-là : « Peter, tu ne dois pas rester ici, tu dois aller découvrir le monde entier. Si tu veux, tu peux enseigner mes amis Touareg, ils en ont besoin d’un enseignement à la manière suisse ».

Lors de son premier voyage au Pérou, il a rencontré plusieurs personnes qui connaissaient  l’Ecole suisse de Lima. Il avait rapporté des brochures de cette école. A son retour en Suisse, il me les avait montrées avec un clin d’œil. C’est sans doute à cause de ça que j’ai décidé de vivre au Pérou et que j’y vis encore aujourd’hui.

Quand j’ai rencontré ma femme, en Suisse, nous avons tout de suite parlé du Pérou. Elle aussi voulait connaître ce pays. Grâce à Maximilien, qui nous a recommandé à ses amis au Pérou, nous sommes entrés en contact avec le Colegio Pestalozzi et nous avons eu la chance d’y être choisis comme professeurs. C’est donc grâce à Maximilien que nous avons émigré au Pérou. Et nous ne regrettons pas.

Lors de son troisième voyage en Amérique du Sud, il s’est arrêté chez nous à Lima, après avoir rencontré notre sœur Lisbeth et son mari à Cuzco pour la fête « Inti-Raymi ».

Permettez-moi, parce que Maximilien adorait l’Amérique du Sud et que nous y vivons aujourd’hui, de conter cette rencontre en espagnol… Fue el 14 de julio del 76, puntualmente a la hora prevista, como siempre cuando Maximilien tenía un Rendez-vous con alguien, el Landrover bien equipado se detuvo delante del Colegio Pestalozzi. Fue a la hora del recreo de la mañana, porque nosotros estuvimos en plena clase, cuando teníamos un grand reencuentro en las puertas del nuestro Colegio. Ahí estaban Maximilien, Eva y Bernard y naturalmente Zoumri. Fue un encuentro lleno de emociones.

À ce moment, à notre réunion à Lima, ce clin d’œil dans la maison de notre parent s´avait répété. Pendant un an ils avaient le « base camp » chez nous. Et nous avons eu le plaisir de prendre soin de son chien Zoumri, qui a venu un grand ami de notre chien Chasqui, pendant une brève période où il avait dû revenir en Suisse. Pendant ce temps, grâce à Maximilien, nous avons connu aussi son grande amie Edith Pariat.

De Maximilien on peut raconter des centaines d’anecdotes. Grâce à lui, j’ai une affection particulière pour le chiffre 7.  Le 7 juillet 1977, c’est-à-dire le 7.7.77, à 7 heures du soir, Maximilien nous a offert et dédicacé un livre qu’il avait apporté de la Suisse: Los Gauchos.

Voilà plus de 10 ans, Maximilien avait exprimé le souhait que je puisse plus tard, après sa mort, accéder à ses archives photo. Je pensais que ce serait sans doute impossible : nous vivons si loin! Maximilien a insisté à plusieurs reprises. J’en ai discuté avec nos fils, qui ont montré leur intérêt. Alors, j’ai dit : d’accord. Mais cette entreprise n’est pas simple. Depuis lors, son ami Alex a eu l’idée de créer une association qui, ici, poursuit exactement le même but. Du coup, Maximilien a dû se mettre à l’informatique. Les dernières années de sa vie, il les a passées à numériser ses photos. Il ne comprenait pas très bien comment ça fonctionnait mais il en a malgré tout numérisé plus de 12.000 photos. Nous allons encore avoir beaucoup de travail pour mettre en valeur l’œuvre de sa vie, faite l’inventaire de toutes ses images, numériser les plus belles et les plus rares pour pouvoir, finalement, créer des archives qui permettront de faire connaître ou redécouvrir ce trésor, non seulement en Suisse mais partout dans le monde.

Maximilien, hermano, frère, Bruder, for me mi Big-Brother and – min Götti, mon parrain, mi padrino, Onkel, tío, oncle, grand-oncle, Grossonkel, cousin, Schwager, beau-frère, cuñado, Weltenbummler, Globetrotter, ami désintéressé, ami du peuple, l’ «Ouddadh» pour tes amis touareg, ça veut dire le mouflon à manchettes, der Mähnenspringer, ami du monde ou simplement ami, ami Maximilien, tu nous as quittés trop tôt mais je te promets qu’avec tes amis, nous trouverons le moyen de répondre à ton souhait. Je viendrai plus souvent en Suisse et, en collaboration avec Alex et tes autres amis, nous ferons en sorte que le travail de ta vie soit préservé pour la postérité.

Je suis sûr que, maintenant, Maximilien est très content de pouvoir à nouveau voyager dans le monde entier et photographier tout ce qui l’intéresse. Au revoir, Maximilien.

Peter