Fillette à la feuille. La région du Loreto, au nord-est du Pérou est l’une des régions les plus humides et les moins peuplées du pays. Cette simple feuille de bananier, prélevée par une gamine Shipibo pour se protéger de la pluie tropicale, provient de la forêt amazonienne encore épargnée… mais pour combien de temps ?
Le serpent et la mouche. Jeune femme Kanouri dans la région du Kaouar (désert du Ténéré, Niger). Elle porte l’anneau nasal traditionnel représentant un serpent qui se mord la queue. Quant à la mouche qui orne son front, elle appartient hélas à une engeance omniprésente sous ces latitudes…
Terry et Misty. Les « vrais » cowboys ne pratiquent guère le rodéo spectacle et préfèrent passer leur été à garder les troupeaux. Sommairement hébergés dans un campement d’altitude, ils ne sont pas autorisés à recevoir leur femme – quand ils en ont une. C’est sans doute pourquoi Terry reporte toute son affection sur son chat Misty. (Rapsberry Camp, Douglas Lake Cattle Ranch, Colombie Britannique, Canada)
Future fiancée. Dans le Haut-Atlas marocain, Imilchil est célèbre pour son « moussem des fiancés », foire annuelle où les bergers de la tribu Haït Haddidou choisissent avant l’hiver une compagne qui restera avec eux … au moins jusqu’au printemps. Cette gamine aux joues rehaussées de rouge sourit peut-être déjà à l’idée de ces étonnantes fiançailles.
Sourires d’avant. L’île d’Ambon, dans l’archipel indonésien des Moluques, a été marquée, entre 1999 et 2002, par un violent conflit communautaire entre chrétiens et musulmans. Si ce drame ne se lit pas sur le visage de ces gamins insouciants, tout juste revenus d’une folle baignade, c’est que ce cliché date d’avant !
Ne vois-tu rien venir ? A Jaisalmer, à l’ombre de fenêtres minuscules, on a observé pendant des siècles la venue des caravanes, synonymes de richesse et d’ouverture sur le monde. Aujourd’hui, la fermeture de la frontière indo-pakistanaise porte un coup très dur à l’économie locale et même les enfants se demandent si le bonheur reviendra un jour. (Rajasthan, Inde)
Les plumes de la sagesse. Chef de la tribu amérindienne des Blackfeet. Ils chassaient naguère, à pied et sans armes, les bisons qu’ils affolaient de leurs cris et qui finissaient par se précipiter du haut des falaises. Le nom de Blackfeet provenait sans doute de la couleur noire de leurs mocassins et de leurs jambières (Etat de l’Alberta, Canada).
Sourire du Panama. Yanina appartient au peuple Guayni, des Indiens agriculteurs, naguère rétifs au modernisme mais qui doivent aujourd’hui quitter leurs terres trop pauvres pour s’enrôler dans l’industrie bananière. (Alto Caballero, Province de Chiriqui, Panama)
Le regard d’Abakaoua. Dans sa tenue indigo, le chef Abakaoua ag Kanom, symbole de la résistance obstinée du peuple targui Kel Tédélé, porte fièrement ses 72 ans et souligne d’un trait de khol la volonté tenace de son regard. (Région de l’Aïr, Niger)
Ximena de Cajabamba. Ximena vit à Cajabamba, un village de 2300 habitants situé dans la plaine fertile de l’Equateur. Elle porte le chapeau, les boucles d’oreilles et le ceinturon traditionnels mais la mantille et le pull-over viennent sans doute de Chine. Ainsi va la mondialisation, d’un bout à l’autre de la planète. (Cajabamba, Province de Chimborazo, Equateur)
Belle du Rajasthan. Abhirushi porte bien son nom, qui signifie « belle » au Rajasthan. Nomade, elle porte de très beaux bijoux traditionnels mais que seraient-ils sans l’éclat de son sourire et la finesse de son regard ? (Région d’Udaipur, Rajasthan, Inde)
Pure parmi les purs. Mariam est une femme Peulh Bororo. La tribu des Bororo, foncièrement animiste, forme une société endogame. Les mariages se font donc obligatoirement au sein du groupe, ce qui permet aux Bororo de se proclamer les plus « purs » parmi les Peulhs. (Région de Tahoua, Niger)
Flûte de pan. Indien Aymara de l’Altiplano péruvien, Wayra joue de la zampona, flûte de pan constituée d’une double rangée de tubes de roseau. Instrument incontournable de la musique traditionnelle andine, facile à transporter, la zampona accompagnait autrefois – et accompagne toujours – les bergers d’altitude dans le silence de leur solitude.
Les yeux de l’Eau. Mârusthali, ce nom donné au désert du Thar signifie « le pays de la mort ». La vie y est pourtant présente et la petite Ambu porte dans son prénom l’espérance de lendemains plus fertiles, puisqu’il signifie « l’eau », cette source de vie qui brille dans son regard et sur ses lèvres. (Rajasthan, Inde)
La force de l’âge. Dans son village de Sardaigne, le vieil Azeglio ne fait pas son âge. D’ailleurs, il n’a pas d’âge. Ou bien il n’en a plus. A moins qu’il ne le cache derrière sa barbe. Mais à quoi bon ? En Sardaigne comme dans tous les lieux où la sagesse s’acquiert avec la peine, la jeunesse du cœur dure aussi longtemps que la vie.
Chapeau Amaya ! Amaya a trop froid pour sourire. D’ailleurs, elle vient de pleurer et son nez en témoigne encore. Sur l’Altiplano bolivien, à 4000 mètres d’altitude, le froid vous pince le cœur et vous cisaille le corps. Le chapeau enfoncé jusqu’aux oreilles et l’écharpe bien serrée autour du cou vous permettent de résister un peu plus longtemps. Mais bon sang que la vie est dure !
Perdue dans ses pensées. Mais à qui donc peut bien penser Gabriela, petite Indienne du Guatemala. Inquiète ? Pas vraiment. Résignée ? Certainement pas. Boudeuse ? Un peu. Profonde ? Oh que oui ! Fatiguée ? Sans doute. Préoccupée ? Il semble. Sereine ? Aussi. Amoureuse ? Allez savoir… (San Cristobal de Totonicapan, Guatemala)
Mémoire vivante. Des rives de l’Indus jusqu’aux portes de l’Occident en passant par les steppes de l’Asie centrale, se souvient-il de ces caravaniers et de ces chameaux transportant les épices odorantes vers les tables d’Europe. Les a-t-il vus ? Du moins se rappelle-t-il qu’on le lui a raconté. La mémoire reste vivante aussi longtemps que le regard et la parole s’en souviennent. (Jodhpur, Rajasthan).